The Beatles - Abbey Road
A l’heure où l’intégralité des albums des Beatles sort en version remasterisée qui vous coûte un rein, il est grand temps de se replonger dans ce qui reste, pour moi, l’un des sommets indépassables de la musique de ces 50 dernières années. A l’époque, les Beatles vont très mal, au sein du groupe, les discordes s’enchaînent, çà se crêpe suzette le chignon à grand coups de « Moi je veux que Yoko chante sur nos disques », « oui, mais moi, je veux prendre les rennes du groupe », « Oui, mais moi, j’en ai marre de vous deux, j’aimerai bien placer mes chansons de temps à autre, enfin, si je dérange pas trop ». Et le batteur dans tout çà ? Ben, c’est un batteur, alors, il est gentil, mais il l’a boucle. Déjà qu’on lui laisse chanter un titre sur chaque disque ou presque, alors, il va pas en plus la ramener ! Bref, « Let it be » est en cours de production, mais peine à sortir. Le gars Georges Martin, qui n’a pas vraiment d’autre job que les Beatles, soyons honnête, les appelle en leur disant « dites, c’est ballot, on va pas se fâcher, on va bien refaire un disque ? » D’accord répondent les autres, mais ce sera le dernier. Et seulement si tout le monde participe et ne fais pas sa mauvaise tête ! De fait, « Abbey Road » sera l’album le plus rayonnant depuis « Sgt Peppers ». L’ambiance sera la plus détendue depuis des lustres en studio, chacun ayant conscience qu’il s’agit là du dernier album des Beatles, soit, ni plus ni moins, le groupe le plus important et influent de l’histoire de la pop. Comme toujours, Lennon / Mc Cartney signent la plupart des chansons, mais le gars Georges place deux compositions, et pas les moins jolies, notamment la très belle et délicate « Here comes the sun ». Bien sûr, Ringo a sa chanson, pour une fois pas trop vilaine, qui rappelle un peu « Yellow Submarine » mais en mieux foutue. L’intro, bien sûr, tout le monde la connaît, le fameux « Come Together » où Lennon se fait toujours aussi fripon. Ensuite, je ne vais pas faire une chronique sur l’album, tout le monde le connaît. Pour autant, il est toujours bon de revenir sur l’un des faces les plus abouties de leur histoire, l’enchaînement « Because… The end » où 20 minutes de musique s’enchaînent sans discontinuer avec une fluidité rarement atteinte depuis. Les morceaux sont tout bonnement fantastiques, et l’on retrouve tout ce que l’on peut aimer chez les Fab Four. Chœurs entremêlés, arpèges cristallins, basse qui se fait ronde, enfin, tout ce qui fait le charme des derniers disques des Beatles.
On sent dans ce disque une véritable sérénité, disparue depuis longtemps. Le double blanc a été enregistré chacun dans son coin, on se croisait dans les studios, on se rencontrait rarement. Paul et John allant même jusqu’à jouer toutes les parties de certaines de leurs chansons. Et puis Let It Be et ses chamailleries quotidiennes. Bref. On ne peut plus s’entendre mais on s’entend une dernière fois, et on essaye de faire du bon boulot.
J’ai retrouvé ce disque et quelques autres cet été. Je n’avais pas écouté mon vinyle depuis pas loin de 15 ans. Un pressage français d’origine en parfait état. Quelques rares craquements, et les coins de la pochette légèrement abîmés, mais quand même… Ce disque a quarante ans et est en meilleur état que d’autre, dont j’ai pris autant soin, mais que j’ai pourtant écouté moins souvent. Comme quoi, à l’époque, on savait presser un disque. Dès que les finances vont me le permettre, je vais acheter les rééditions de ce groupe fondamental qui a bercé toute ma vie, mais toutes les rééditions du monde ne remplaceront jamais mes vinyles d’origine, avec cette odeur de vieux carton, et ces craquements que je connais tellement par cœur qu’ils ont presque tendance à me manquer lorsque j’écoute la version CD…
George Harrison (The beatles Here comes the sun)
envoyé par AUSTER. - Clip, interview et concert.