ALMOST FRIENDLESS TOO
Vous ne l’aurez sans doute pas remarqué, étant donné la fréquentation de ce blog qui ferait passer le désert de Gobi pour une plage de Saint-Tropez en plein mois de Juillet, mais l’endroit connaît une inactivité rarement atteinte depuis mes débuts sur le net ? Mais pourquoi donc, me direz-vous, bande de curieux. Et bien, manque de temps, manque d’envie, manque de choses à dire, manque à l’eau… (la fille aux yeux couleur manque à l’eau…). Bref, vous voyez le niveau, autant que je reste dans mon coin à attendre d’avoir quelque chose de passionnant… J’en vois certains qui se gaussent déjà, genre « Vu l’espérance de vie, on risque encore d’attendre un moment car il va probablement calancher avant d’avoir un truc à dire ! ». Possible. Probable, même ! Du coup, pour être sûr de ne pas parler dans le vide comme je le fais déjà depuis une dizaine de lignes (entre nous, le plus con des deux… L’auteur ou le lecteur ?), je vais vous parler déménagement.
C’est toujours pénible les déménagements. Faut faire des cartons. « Ah tiens, j’avais ça moi ? », « Ah, c’était sous le canapé ? », « Chéri, j’ai retrouvé la tranche de rôti derrière le meuble, je pense que l’odeur qui traîne ici depuis deux ans venait de là… ». Faut changer les adresses, les numéros de téléphone, les papiers peints, le papier toilettes, m’enfin, ça, on le fait plus souvent déjà, et puis faut payer un coup aux gens qui vous ont aidé. Mais certains sont plus roublards. Ils prennent leur temps. Ils refont la déco eux-mêmes et pour être certain de ne rien casquer, ils ne demandent de l’aide à personne. Pas de pendaison de crémaillère, pas de soirée tartiflette…
Il se pose dans le canapé, un bourbon à la main, une roulée dans l’autre, avec la photo du mec qui n’a plus de gorge plaquée sur la table. Les volutes s’envolent au plafond et recouvrent bientôt l’antre. En quelques jours, ça sent le tabac froid, l’alcool, les âmes perdues, les âmes en peine, les peines perdues. Un peu de moquette pour faire feutré ? Qui sait. Un chapeau qui traîne, une déesse qui passe, un rockin’chair imaginaire, un brin d’herbe entre les dents… Et voici qu’apparaît la vie. Et son cortège d’absurdités, de contradictions, de contrariétés, de vanités vaines, de veines avinées, de chats noirs, de peines de cœur, de pannes de chœurs, rien de surfait, même sur la vague noir qui crache ses craquements pour rappeler qu’elle est née bien avant tout cela.
Ce soir, comme tous les soirs, Oyster a le blues. Il en parle souvent. Et bien. Et il a changé d’adresse, alors, allez-y. C’est ici, c’est noir comme la vie mais tout aussi chaleureux.