HARRY CHAZAL
Ces derniers temps, en regardant le journal Télé (quelle idée, me direz-vous), je me suis dit que je m’étais définitivement gouré de métier (bon, ça, je le savais déjà). J’aurai pu faire Harry Chazal. Harry pour la coupe de cheveu, Chazal pour la couleur de peau. Car si j’ai une coupe de cheveu en peau de fesse et le teint blanc comme une merde de laitier, j’ai aussi un don inaltérable pour observer le temps qu’il fait… Par la fenêtre. Nous sommes donc le 23 décembre 2010. Et il neige. Dingue, non ? Alors que la poudreuse s’abat sur la France depuis quelques semaines maintenant, on parvient encore à tenir une bonne dizaine de minutes sur le sujet au journal télé. Mais finalement, on parle moins de ce passage météorologique somme toute assez banal que de notre incompétence globale à le gérer.
Hier soir, par exemple, il a neigé près d’un demi-centimètre de bouillasse par chez moi. Et bien les préfectures conseillaient fortement aux usagers de partir une heure plus tôt de leur travail. Résultat ? Moi, partant à l’heure habituelle, je me suis retrouvé dans des embouteillages monstres alors que, par endroit, il n’est pas tombé le moindre flocon. Bref, une pagaille comme on n’en fait rarement, notamment en période de vacances scolaires, pour rien si ce n’est la peur de réitérer une erreur colossale de jugement faite il y a deux semaines.
Finalement, le journal a passé 10 minutes à nous parler des 400 bornes de bouchon au lieu des 200 habituelles…
Un petit mot sur la Côte d’Ivoire au bord de l’implosion parce que bon, ça cause français là-bas, alors faut quand même faire mine de s’y intéresser, et puis, on a des ressortissants qui y crèchent… Bon, on montre des entrepreneurs pleins aux as obligés de plier leurs gaules alors que dehors, tout le monde crève de faim, mais un noir affamé, c’est tellement plus courant qu’un blanc aux abois…. Les prix ont triplé, et à ce rythme un bout de bidoche coutera bientôt le prix d’une bagnole, mais après tout, on peut très bien fêter noël avec modestie.
Quoi d’autre ? C’est Noël justement ! Papa Noël déboule, calé en double file, forcément, en ville, y’a plus une place pour se garer, avec des chtits nenfants fraîchement débarqués de pays dévastés. En soi, c’est plutôt bien que des milliers de mômes aient pu trouver des parents dans des pays aux conditions moins durailles. Mais que penser de la présentatrice qui dit en substance : « C’est Noël avant l’heure pour les parents qui ont adopté des enfants victimes du séisme Haïtien… ». Certes, joie et bonheur pour les parents. Mais c’est oublier le probable traumatisme des gamins, et surtout, c’est, pour un journaliste, un traitement un peu léger du genre « grandes soldes à Toys’r us ».
Surtout que l’on enchaîne gaiement sur les résultats sportifs des footeux se prenant pour des surfeurs des neiges, et le rappel des deux journalistes otages depuis un an (soit dit en passant, on connaît le nom des deux journalistes, mais les « accompagnateurs », pourtant otages au même titre, tout le monde s’en branle…).
N’oublions pas, pour conclure sur un air de fête, un cours érudit, sur l’art de tirer les rois trois bonnes semaines avant l’heure, histoire de ne pas manquer Pâques début Janvier. Et voilà, le journal est plié.
Bon, on aurait pu rappeler que l’Assemblée a adopté Loppsi 2, mais ce jour là, il ne neigeait pas, alors….