JOHN CALE - Biographie

Publié le par Esther

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Certes, cet été, je me suis fadé des magasines sans le moindre intérêt, mais j’ai également ingurgité quelques bouquins passionnants. J’aime beaucoup la lecture des biographies concernant les artistes que j’admire, mais force est de constater qu’elles se contentent de raconter l’histoire de l’artiste, sans trop de style, déroulant les années, les concerts, les albums… Ces derniers temps, j’ai pu lire celle de Bashung, réussie, celle de Gainsbourg, passionnante, celle de Dylan, écrite par lui-même, hors du commun, et cet été, j’ai donc lu l’autobiographie de John Cale, exceptionnelle.

Tout d’abord, il faut remettre les choses dans le contexte me concernant. John Cale, c’est pour moi, l’artiste majeur du Velvet underground. Certes, Lou Reed composait, mais John Cale insufflait une envergure que Lou Reed n’aurait pu obtenir seul, preuve en est que à la suite de son départ, la discographie du groupe s’avère moins intéressante (néanmoins excellente). Et c’est sans doute sur le second opus du Velvet, où Cale aura l’occasion de s’exprimer le plus largement, que je préfère. Complètement barré, dissonant, libre dans la forme autant que dans le fond.

Ensuite ? Et bien, j’aime les disques de Cale. Oui, ce n’est pas un grand compositeur pop, ni même rock, mais c’est sans doute pour ses nombreuses failles que je l’aime cent fois plus qu’un Lou Reed finalement plus lisse qu’il ne le laisse paraître. Et puis, quoi, Paris 1919 est sans doute l’un des meilleurs putain de disques que j’ai pu entendre ! Voilà !

Revenons donc sur cette bio passionnante, écrite à quatre mains, Cale et un certain Bockris que j’avoue ne pas connaître. D’abord la forme. Les photos s’emmêlent, les dessins, les textes s’entrechoquent, tout fusionne, entre longs paragraphes ou passages grossis dans sa police, tordus, bref, un livre aussi beau esthétiquement qu’une œuvre d’art. C’est sans doute l’une des choses qui m’a le plus impressionnée.

Ensuite, le texte. Je ne sais pas dans quelle mesure Cale a rédigé le livre, mais le style est brut de décoffrage, on parle de baise, de coke, de sang, sans fioritures à la con. Cale s’y livre sans tabou, ne fait pas de cadeau, ni à Lou Reed, ni à personne, pas même à lui-même qui n’est pas le dernier à être traité d’égocentrique ou de con.

Ceux qui s’attendaient à des chapitres entiers consacrés au Velvet underground en seront pour leur frais. Un chapitre, point barre. Bien sûr, le Velvet zébrera sa carrière et sa vie à plusieurs reprises, via Lou Reed avec lequel il entretiendra une relation conflictuelle tout au long de sa carrière.

On y apprend qu’il a joué les dealers pour La Monte Young, qu’il a produit des merdes pour survivre alors qu’il était l’un des artistes les plus admirés de la planète par les « connaisseurs », qu’il s’est marié, remarié, re-remarié, et qu’il a été accro à la coke pendant de longues années. Etrangement d’ailleurs, ce n’est pas sa période avec le Velvet qui sera la plus glauque en termes de défonce, bien au contraire.

Cale fait preuve d’un sens de l’humour acéré, mais amène le lecteur à éprouver une sorte de tendresse pour sa vie, finalement difficile car il reste un artiste sans concession qui, pour sa propre carrière, ne lâchera jamais rien et se fera régulièrement virer des maisons de disques, faute de résultats probants dans les charts. « Imaginez moi dans les charts, j’aurais l’impression de me trahir » dit-il lui-même.

Cale explique également avec précision ses premiers travaux expérimentaux avec La Monte Young, Riley, et comment, plus tard, il « inventa » la première console de mixage en mélangeant plusieurs lecteurs de bande.

Cale, ou l’histoire d’un musicien et compositeur classique ou expérimental qui a slalomé dans la veine du rock’n roll en emportant de la poudreuse par kilos. Passionnant, vous dis-je.

Publié dans Lecture

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E
<br /> Moi, je vais le voir en novembre à Pompidou.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Tiens, un pote m'a offert une place pour le voir (et il viens avec moi), il me tarde.<br /> Ce livre m'a l'air bien bon, hop, sur ma liste, ça donne envie.<br /> <br /> <br />
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