King Creosote & Jon Hopkins – Diamond Mine
Sur le mur, à côté de la fenêtre, un trou béant a fait son apparition. A force de gratter pour voir à l’extérieur, l’érosion a fait son ouvrage. Impossible de ne pas sentir la chaleur de la cheminée, le craquement des marches, l’équilibre précaire de ces voix fragiles. Voici quelques mois maintenant que j’ai évoqué, dans les grandes lignes, un disque qui bouleverse un peu plus à chaque écoute, et surtout qui devient de plus en plus familier.
Un peu court, me direz-vous! C’est en effet ce que j’ai ressenti lors des premières écoutes, et puis, au fil de temps passé à ses côtés, ce disque apparaît comme parfaitement dosé, où rien n’est en trop, où rien ne manque.
Tout commence par un piano qui boise. Le même que l’on croise dès les premières notes de l’opus solo de Mark Hollis, voire, au beau milieu des arrangements retors de Hood, dernière période, avant que le second morceau s’insinue lentement. Las, le piano s’efface pour laisser place à une guitare folk confondante de simplicité et un harmonium évoquant plus largement un port perdu au milieu d’une écosse désertée aux mouettes émues qu’une ginguette chez Ginette au houblon rendu.
King Creosote enquille les disques comme d’autres les clopes aux réveils déjà enfumés. Pourtant, on ne peut pas dire que le gaillard croule sous la notoriété. Il faut déjà jouer des coudes pour se procurer ce dernier opus en date, alors quant à ne serait-ce qu’évoquer la possibilité d’écouter le reste de sa pléthorique discographie, cela relève de l’utopie absolue.
Jon Hopkins, multi instrumentiste de son état, n’est guère plus connu. Croisé chez Eno ces derniers temps, il n’en reste pas moins l’outsider face à son compère déjà inconnu au bataillon de la notoriété.
Pourtant, sur cet album écrit sur sept ans, et à quatre mains, l’alchimie fonctionne à chaque coin de chœurs hantés par le brouillard écossais, où l’économie des effets de manche et des pirouettes stylistiques renforce sa fraîcheur, sa fragilité et sa démesure à vous démonter le cœur.
Si « Bubble » semble être le point d’orgue émotionnel de ce disque, les autres titres ne sont pas en reste où chaque note semble suspendue dans le vide, mais plus sur le point de s’envoler que sur le point de chuter. En permanence en lévitation, cette musique navigue entre les eaux troubles d’un brouillard capiteux et un soleil à l’aurore figée.
Ci-joint, une invitation à rêver, sur le site de Domino Records, où vous pourrez vous délecter d’une « Bubble » qui semble vouloir s’envoler toujours un peu plus haut.