La beauté des fenêtres

Publié le par Esther

Sortis de l’autoroute. Cul à cul, ça va bien. La cadence ralentie. Profitons. L’horizon est lointain, comme un souvenir qui s’éteint à l’arrière mais qui n’en finit pas de se profiler. Une goutte perle sur le front. Le soleil indique de tout son éclat déclinant qu’il est déjà 20 h… Un peu plus. La douceur du soir caresse la peau encore chaude. Des champs. Des platanes. Un camion en travers du fossé. Des radars. Des coups de freins. Des envies de ne pas y retourner.

 

Au loin, la radio pousse une chansonnette. Un truc agréable. Des effluves alcoolisés nous bercent, au milieu des rires, des adultes, des enfants, des parents qui deviennent enfants alors que les enfants les regarderaient presque comme des parents. Une pétanque, un pénalty. Tu as faim ? Attends, il me reste quelque chose dans le frigo. Au milieu de la nuit, le nez dans les étoiles ; la tête sur un bateau ivre ; la chaleur de la nuit ; un reste de gigot, un reste de gratin. Et puis, à droite à gauche, on récupère, on agrémente.

 

Bon, je te mets ta dose au baby ? Ca n’a pas duré. J’ai ma dose. Mais de whisky. Allez, on redescend, on se finit. On se claque la bise.

 

La rosée du matin. Pas un nuage, ni dans le ciel ni dans la tête. Ici, la pendule est mise au rebus. Le temps d’une passade, comme un amour de vacances. Mais comme un amour de vacances, personne ne veut le quitter. Derrière la vitre, déjà, après les signes de la main, on repense, on rejoue la scène, on sait que ce qui nous attend n’a pas d’intérêt, n’a plus d’intérêt .

 

Alors, les bouchons sur la route sont finalement salutaires. Ils doublent le temps, ils étirent les distances… Et nous voici rendus dans ce putain de marasme qui crame la tête, qui vous colle un plafond à hauteur de paupières. Faut-il avoir une raison, faut-il avoir une envie ? Je ne semble plus avoir ni l’une ni l’autre…

 

Il fait lourd. L’orage craque. Il pleut des trombes d’eau, des bourrasques à embarquer des maisons.

 

-         Chérie, ferme les volets et les fenêtres.

-         Pourquoi veux-tu que je ferme les volets ? Tu as peur du vent ?

-         Non, j’ai peur de sauter.

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O
<br /> Et bon lundi !<br /> <br /> <br />
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