LHASA
Il y a plusieurs façons de découvrir un artiste. On peut découvrir et admirer un artiste mort depuis des lustres et que l’on a jamais « connu » de son vivant, on peut suivre les pas d’artiste pendant sa vie alors que celui-ci vit « en même temps » que vous, et il y a ces artistes à côté desquels on passe de leur vivant et que l’on découvre une fois le trépas plié.
Lhasa s’est faite dévorer par ce putain de crabe il y a environ un an, je crois. J’avoue, je suis longtemps resté à côté. Pourquoi ? Car le premier morceau que j’ai entendu d’elle était espagnol, et c’est une langue qui me pose problème. Enfin, qui ne me touche pas… Et puis, je me suis dit : je dois être dans l’erreur, ce n’est pas possible. J’ai donc écouté des morceaux ici ou là… Toujours rien, ou presque.
Et puis, elle s’en est allée. Ca ne m’a pas forcément ému plus que cela, même si je pense encore aujourd’hui qu’elle était bien trop jeune pour partir. Bref, on ne choisit pas sa fin.
Durant les vacances, je suis tombé sur une foire aux disques gargantuesque, ou quelques vendeurs refilaient de bonnes choses, d’occasion, évidemment, pour des prix on ne peut plus raisonnable. Peu de vinyle, malheureusement. Je suis arrivé trop tard. Mais quelques CD qui valaient tout de même le détour. Notamment, deux albums de Lhasa, que je connaissais surtout pour les avoir vus passer dans les différents forums que je fréquente. J’ai décidé de me lancer, et il faut bien avouer, pas le moindre regret. C’est beau, aérien, limpide et tout à la fois imprégné d’une noirceur étrange. (Suffit de lire les textes de l’album « The living road » traduit en français, en anglais et en espagnol pour s’en rendre compte). Elle ne vous invite pas à faire la bringue, c’est clair, remisez langues de belle mère et autres cotillons, sortez kleenex et cognac pour vous remettre de vos émotions.
Le mélange est effrayant de beauté et de facilité. Toutes les enluminures ibériques se raccrochent à des mélodies d’une grande richesse. Elle semble vouloir raconter son pays tout en s’affranchissant d’un folklore pas forcément facile à apprécier sur la longueur d’un disque. Lhasa se fragilise, se dénude presque lorsqu’elle entonne un chant français, avec un charmant petit accent, mais musicalement c’est une invitation à la valse d’un bal au milieu d’un champ où le coucher de soleil vous accompagne. L’instrumentation, délibérément organique renforce cette sensation de vivre la musique à ses côtés comme un voyage infini qui se saurait trop sa destination en étant convaincu du trajet à effectuer.
Même lorsque Lhasa semble être moins unique que les autres, elle parvienne à vous faire voyager. A écouter les yeux fermés, si possible, seul et le soir.
Lhasa n’est plus mais ma découverte véritable de sa musique cet été prouve au moins que la musique est éternelle.
En écoute ici!