PINK FLOYD - Discovery
La question que je me suis posée avant d’acheter les albums remasterisés du Floyd, c’est qu’est-ce que cela allait bien pouvoir m’apporter de neuf. Après tout, cela fait 37 ans que j’écoute leurs albums en boucle et dire que j’en connais les moindres recoins ne me paraissait pas excessif. Par ailleurs, je possède déjà l’intégrale de ces albums sous différentes versions. Preuve en est que je possède aujourd’hui huit éditions différentes de « Dark Side Of The Moon ». J’ai donc longuement hésité, et puis, au détour de cadeaux me procurant un petit pactole, et des points cumulés via ma fidélité à une certaine enseigne, je me suis retrouvé à payer, après tous les comptes refaits, cette intégrale (et les deux coffrets Immersion, dont je parlerai également) 9 €. Bref, je n’ai rien sorti de ma poche ou presque. Certains vont argumenter pour dire que même 9 €, j’aurais pu les utiliser à meilleur escient, mais que voulez-vous, c’est plus fort que moi. Pink Floyd fait parti de mon patrimoine personnel, et j’ai beau avoir conscience de la médiocrité de certains albums, rien à faire, ça me coule dans le sang.
Bref, j’ai reçu hier le coffret intégral. Je n’ai évidemment pas pu écouter tous les albums en une journée, mais j’ai déjà écouté les plus emblématiques. Et déjà, je peux vous dire que c’est une réussite. Evidemment, « Dark Side Of The Moon » et « Wish You Were Here » n’apportent guère de surprise. Ces deux albums (le premier en particulier) ont été, à l’époque parfaitement produit. « Dark Side », dirigé par Alan Parson était à l’époque une prouesse technique, et reste encore, techniquement parlant, parfait. Musicalement, c’est une autre affaire, et là n’est pas le débat. Pourtant, sur « Wish You Were Here », il arrive de déceler des parties de guitares de façon nettement plus claire que sur les mix originaux. Mais là où les choses deviennent réellement intéressantes, c’est plutôt sur des albums comme « Atom Heart Mother » qui, originellement, était de véritable ratage en termes de production. Certes, concernant cet album, c’est le master original qui a été foiré. Il est donc évidemment que le côté étouffé du son persiste. Pourtant, tout se joue sur les détails (c’est le cas sur les autres). La guitare rythmique de Gilmour se fait enfin entendre, alors que lors des passages silencieux du titre éponyme, les détails foisonnent. Pour des albums que je croyais connaître par cœur, je me surprends… à être surpris ! Le clavier de Rick Wright paraît plus présent que jamais, sur l'ensemble de la discographie, alors qu'il n'était pas particulièrement mis en valeur jusque là, et la basse de Waters est, très souvent, beaucoup plus dynamique et moins sourde.
Et « The Piper At the Gates Of Dawn » allez-vous me dire! Et bien, la guitare de Syd n’a jamais été aussi tranchante que sur ce pressage. C’est impressionnant d’entendre la moindre nuance de ce jeu atypique. Mais les effets, les claviers, les basses, les voix… tout ressort de façon extraordinaire et se détache. Là encore, pas de découverte majeure, comme cela a pu être le cas pour les Beatles, mais du détail et encore du détail qui a parfois son importance. A l’instar d’ « Animals » qui sonne plus sec que jamais, avec une guitare de Gilmour nettement plus agressive qu’à l’accoutumée. Cet album se voulait plus rock, et le mot fait aujourd’hui sens.
Il va sans dire que cette nouvelle édition ne s’adresse qu’aux gros mordus du Floyd, car pour les autres, ceux qui aiment sans plus, l’édition originale suffira amplement. Et pour ceux qui détestent, et bien, pas de changement non plus. « More » et « Obscured By Clouds », produits à l’emporte pièce deviennent également plus clairs. Bref, ces remasterisations ne se contentent pas d’augmenter le volume, elles apportent, dans l’ensemble, une clarté tout à fait surprenante, jusque sur le « Meddle » pourtant considéré comme le point de départ de « son » Floyd en termes de production. Il suffit, pour s’en convaincre d’écouter l’intro d’ « Echoes » où le silence se terre sous des reliefs jusque là insoupçonnés.
Evidemment, les derniers albums restent médiocres, voire inaudibles et le nouveau mix n’apporte rien, ayant déjà été produits en numérique. Je continue à écouter « A Momentary Lapse Of Reason » par nostalgie, je continue d’ignorer « The Division Bell » parce que bon, quand même, j’ai des oreilles pourries, peut-être, mais pas à ce point.
Concernant les coffrets « Immersion », ils ne s’adressent qu’aux fondus ABSOLUS ! « Dark Side Of The Moon » propose, en plus de l’album, la version Live de présentation à l’époque. Version non tronquée, comme cela a été le cas à l’époque, pour sa diffusion radiophonique puisque comportant des gros mots !!!! Ensuite, l’album est présenté dans le mix original d’Alan Parson, rejeté par le groupe, qui mettra la main à la pâte pour obtenir ce qu’il désirait vraiment. On se dit d’ailleurs que c’est tant mieux car le mix de Parson est parfois indigeste, insistant sur les effets sonores, alors que la version originale, l’ensemble est parfaitement cohérent, mais également lourdingue sur certaine partie (le saxo de Us And Them, particulièrement envahissant), ou la voix « venant de l’espace » remplaçant les vocalises célèbres du « Great Gig In The Sky ». Par ailleurs, l’absence des battements de cœur d’intro et de conclusion manquent à l’appel et sont remplacés par des bruitages incongrus amenant l’ensemble un peu trop rapidement.
Enfin, les DVD et le BR proposent les mêmes choses, avec des documents et images projetées à l’époque lors des concerts, ce qui peut paraître anodin pour la plupart, mais qui, je l’avoue m’intéresse, moi, en tant que taré complet, qui se revendique par ailleurs comme tel.
Bref, la planète Floyd n’a pas fini de tourner chez moi et ne manquera pas de laisser indifférents ceux qui l’étaient déjà. Rien de bien extraordinaire en somme…