THE AUTEURS - New Ave
Que l’on peut être con, lorsque l’on a 19 ans. Remarquez, on peut aussi être doté d’un cerveau et d’une paire d’oreilles en bon état de fonctionnement, mais ce ne fût pas forcément mon cas. A 19 ans, j’étais encore dans une période trouble où le métal dominait ma vie. Certes, à quelques mois près, j’allais définitivement en sortir, mais, pour l’heure, j’avais encore le perfecto, les docks, le bandana (vous marrez pas les jeunes, à cette époque, c’était encore très « tendance ») et le tee-shirt Overkill avec le doigt d’honneur en guise de dossard ! La classe quoi. Et pendant que je m’esquintais littéralement les esgourdes sur des groupes avec des noms aussi improbables que Cannibal Corpse, Nalpam Death, Carcass, et autres joyeusetés, quelques bijoux voyaient le jour. Comme ce premier album de « The Auteurs », groupe de la géniale tête pensante Luke Haines, qui fût, à l’époque, salué par une critique qui savait encore faire la différence entre Britney Spears et Shannon Wright… Bref, une presse qui ne mettait pas n’importe quelle tête de gondole en couv’ histoire de vendre du papelard.
J’ai découvert ce disque sur le tard, et sur le tas. En gros, à force d’être cité comme une référence, j’ai fini par l’écouter, distraitement pendant longtemps, puis un jour, la lumière fût. L’étincelle, certes longue à venir, jaillit tout à coup pour un disque lumineux de bout en bout. Mélodies limpides, arrangements aériens et, pour une fois, pas trop estampillés rock indie, faisaient de ce disque une évidence trop longtemps étouffée par le poids de mes réticences et de mes préjugés. Il faut avouer, la pop, ce n’est pas forcément mon rayon de prédilection. J’y consacre même peu de temps. Et sur ce disque, tout semble réuni pour me déplaire. Guitares cristallines, voix au cordeau, sur un tapis de refrains entêtants et de riffs bien sentis sans gras, ni débordements énervés. Bref, généralement, j’aime lorsque cela dérape, lorsque c’est un peu bizarre, beaucoup étrangement, énormément tordu, mais voilà, la magie opère tout du long, comme une évidence au milieu de questionnements sans raison. Alors, certes, 7 ou 8 ans après tout le monde, j’ai découvert ce disque, mais aujourd’hui encore, il résonne en moi comme une rivière fluide et frêle sur laquelle je me laisse aller.
Bien sûr, j’entends déjà crier les plus calés d’entre vous :
« Quoi, qu’est-ce que c’est que ce bordel, t’as pas découvert ce disque le jour de sa sortie, mais 10 ans après ? Non, mais, c’est pas croyable ! T’es vraiment une sous-merde ! Le tréfonds de latrines abandonnées depuis 6 mois à une flopée de dysentériques ! Honte sur toi ! Pour la peine, tu te verras dans l’obligation de dire du bien du nouvel album de Michel Cloup !
- Ha bah non, justement, je pensais lui en coller une dans ma main dans ton disque !
- Et bien c’est raté ! T’avais qu’à avoir bon goût quand t’étais jeune ! »
Demain, je vous expliquerai comment j’ai découvert My Bloody Valentine, par hasard, et 5 ans après tout le monde !