TROY VON BALTHAZAR - ...Is with The Demon
La presse musicale a tellement d’imagination qu’elle colle des étiquettes en guise de critiques pour à peu près tout et tout le monde. Et le net s’y met également. Bref, j’ai pu lire que Troy Von Balthazar était le nouveau Elliot Smith. Mouais. Je veux bien. M’enfin, entre Chokebore et sa carrière solo, le gonze tourne depuis plus de 20 piges et visiblement, c’est ces derniers jours qu’il sort un album potable (ou au moins reconnu). Par ailleurs, si certains morceaux peuvent rappeler la veine la plus folk de l’hara-kiri Elliot Smith, c’est plutôt du côté de Mark Linkous que sa musique semble actuellement lorgner (Tiger vs Pigeon, par exemple). A ce train là, le moindre sustain sur sa guitare, et hop ! Il entre en course de celui qui fait durer sa note de gratte le plus longtemps entre Carlos Santana et Gary Moore, comme d’autres s’amusent à savoir qui pisse le plus loin.
Une chose est certaine : Elliot Smith, Mark Linkous et Troy Von Balthazar dans une seule et même soirée, et les cotillons et autres langues de belle-mère s’auto-détruisent en quelques minutes façon K7 dans Mission Impossible. Reste que lui, contrairement aux deux autres, est bien vivant et que sa musique prend, à mon sens, une nouvelle épaisseur. Ses morceaux sont plus développés qu’auparavant, parfois trop courts à mon goût. Il prend le temps ici d’installer ses titres et n’a plus peur de rejouer deux fois le même refrain. Aux ambiances parfois tonitruantes de Chokebore, il préfère les atmosphères tonitrouées d’un folk dépouillé. Ce nouvel opus aurait mérité un peu de nervosité à quelques coins de rues, mais finalement, quand on produit une musique aussi magnifique et bancale, on peut se permettre de choisir le ton global de son album. Celui-ci est fait pour une écoute (si possible le soir) en solo et au calme. Si vous cherchez un dîner aux chandelles, ce n’est clairement pas un disque pour vous, et encore moins si vous souhaitez mover on ze dance floor… Mais si vous voulez un beau disque calme, reposant et qui suinte la mélancolie sans pathos, ce disque est assurément pour vous ! Pour le reste, j'aurais aimé vous en coller un extrait, mais je n'ai pas trouvé. Tout comme il est introuvable dans les rayons des disquaires, bien entendu. Dommage, la version vinyle est parue dans une version transaprente du plus bel effet. Mais bon, ça tient du miracle que de le trouver, je suppose...