WILCO - The Whole Love

Publié le par Esther

 

Wilco, c’est l’archétype même du groupe gaulé comme un taureau – que même à côté, Rocco Siffreddi, c’est passe-partout – mais qui s’oublie dès que sa promise a tombé son soutif. Il côtoie le meilleur (l’excellent même comme le prouve le titre qui ouvre ce nouvel opus, la meilleur chanson du groupe depuis « At Least That's What You Said «  qui ouvrait leur fabuleux album « A Ghost is born ») et le nettement plus anecdotique.

 

Wilco n’est jamais mauvais (sauf peut-être lors de leur précédent album, franchement médiocre), mais il est souvent anecdotique. Ce constat peut largement être vérifié sur l’ensemble de la discographie du groupe, comme par exemple sur leur album « Summerteeth », paru en 1999, franchement moyen et de toute façon littéralement écrasé par l’insurpassable et bouleversant « How to Fight Loneliness ». Vint le temps de l’expérimentation, avec une paire d’albums plutôt bons. Le groupe, malgré quelques faiblesses, fût excellent le temps de deux albums et demi. Ensuite, histoire de rendre son public à moitié chameau, il publiait l’éponyme et médiocre « Wilco » et on se dit alors que l’affaire était entendue.

 

Pourtant, alors que le nouvel album sort à la fin de ce mois, on ne peut s’empêcher de poser une oreille dessus. Un album plus expérimental a-t-on pu lire à droite à gauche. Ah ? Chouette !!!

 

Effectivement, passé le choc visuel d’une mochette atroce à faire pâlir une taupe (ils sont spécialistes en pochettes hideuses quand même….), le premier morceau est on ne peut plus encourageant. On peut même s’avancer à dire qu’il est prometteur et excellent. Dynamique, rythme syncopé, bancal, basse ronflante et groovy et une fin façon bouquet final toutes guitares dehors. Le choc introductif est là. Le souci, chez Wilco, c’est que les meilleurs morceaux sont souvent calés en début de galette. « Art of Almost » ouvre donc le repas et vous colle un appétit d’ogre. La suite, « I might » ne lâche pas le morceau et, sans atteindre les mêmes sommets, vous tient en haleine avec une cadence bien soutenie.

 

Et puis, le soufflé retombe peu à peu. Dès le troisième titre, Wilco tombe dans le plus convenu. Le cap se maintient relativement bien, certes, sur cette première partie du disque (« Dawned On Me » est plutôt réussie malgré quelques arrangements pénibles entre les castagnettes et les sifflements rappelant la B.O. de « Coup de tête), jusqu’au « Black Moon », jolie, mais qui possède un air de déjà vu.

 

La suite peine déjà nettement plus, il faut bien l’avouer. Les expérimentations promises sont collées dans le placard et le groupe emballe des compositions relativement faiblardes (« Open Mind »), voire surannées (« Capitol City ») et même lorsque le groupe semble s’énerver sur « Standing O », il fait preuve d’un manque flagrant d’inspiration.

 

Le disque défile alors sans bouleverser plus que ça, jusqu’aux douze dernières minutes de « One Sunday Morning » où Wilco semble vouloir tenir ses promesses, mais n’expérimente pas. Il se contente d’étendre une composition, certes plutôt bonne, mais pas renversante non plus. On a alors l’impression d’avoir entre les oreilles un groupe bourré d’idées et de possibilités mais qui refuse de prendre trop de risque et de bousculer un plan de carrière bien huilé.

 

C’est pourtant lorsque le groupe se lance dans les grandes traversées de déserts semés d’embûches qu’il est le meilleur. Alors, pour enfin quitter les groupes de seconde division qui vendent des disques pas mal mais sans véritable éclat et entrer enfin dans les groupes de première division qui parfois restent dans l’ombre avec des disques brillants voire sublimes, il faudrait peut-être qu’ils lâchent de leur ligne de mire les chiffres de vente. Ils ne s’en porteraient que mieux, et nous aussi.

 

A l’arrivée, donc, un disque pas désagréable, mais qui ne marquera pas les esprits. Pas longtemps en tout cas.

 

Publié dans Pop-rock

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