BILL CALLAHAN - Apocalypse

Publié le par Esther

Me voici bloqué. Devant ma feuille blanche. Pas la première fois. Bouffé par le temps, les méandres, les éléphants de dramaturge, les cyclones lilliputiens, les petits riens… Plus le temps d’écouter de la musique ? Non. Plus le temps de me pencher sur les nouveautés ? C’est certain. Alors ? Que faire de ce blog, que faire de mes écoutes, que faire de ma vie. Ecouter, encore et toujours les mêmes disques, en boucle. La vie est une touche replay qui reste figée. C’est Gainsbourg qui occupe le devant de la scène. J’y reviendrai. Lorsque digestion sera faire, lorsque j’aurai compris ce qui m’échappe à l’heure où j’évoque le personnage. Mais alors ? Alors, Callahan. Putain de beau disque. « Apocalypse ». Drôle de nom pour une musique aussi rachitique, près de l’os, pour ne pas dire sous silence…

 

Le souvenir encore ému du précédent opus n’en finit pas de m’étreindre et déjà apparaît ce disque désertique. « Drover » qui introduit l’album donne du fil de barbelé à retordre aux « On a fait un premier disque magistral, mais après, on a ramé…. » de chez Calexico. Fantastique dès le départ, la barre est mise très haut. Les violons parlent de leur country natal, les guitares sont à la sauce Tex-mex, et les ponts sont décharnés…. Ah, le voilà donc, ce fameux « Apocalypse » !

 

Bill ne se renouvèle pas vraiment, mais qui lui demande. Bill Callahan se sublime. Il oublie le ton aérien et tend l’atmosphère dès les premières mesures. « Baby’s breath » et c’est Smog qui réapparaît. Et le meilleur. Mais la traversée est toujours désertique, Bill semble toujours aussi seul sur sa barque, sans la moindre goutte d’eau pour la soutenir, sans la moindre rame pour le faire avancer, mais plus important, pas le moindre pathos, pas la moindre grimace forcée, rien ne dépasse, rien n’est là par hasard, par erreur, ou peut-être par égarement.

 

L’oppressant « America ! » ne s’adopte pas, ou presque… Le plus difficile de tous les titres, il est pourtant l’un des plus réussis… C’est clairement un retour aux terrains les plus escarpés de Smog, avec cette guitare déglinguée et bruitiste qui fuzze dans tous les sens qui navigue sur une montagne russe ensoleillée par une chaleur désertique.

 

La flûte traversière a de quoi surprendre et si le guilleret semble prendre l’avantage, cela ne perdure que quelques secondes, car la tension redémarre avec une économie d’énergie qui ne quittera jamais vraiment le disque. Pas de point faible dans ce disque. Pas le temps. 40 minutes, 7 titres, d’où émanent chaleur, tension paisiblement palpable. Callahan semble en paix avec lui-même, et nous invite clairement à faire la paix avec lui, même si les contours ont tout de tranchées dans le vif.

 

Les neuf minutes ou presque qui viennent terminer le disque semblent chantées lors d’un coucher de soleil, de ceux qui vous donnent envie de vous réveiller rapidement, pour vivre une nouvelle journée, pleine de beauté, de grains de sable qui virevoltent malgré vous… Et lorsque le piano s’emmêle, il projette sur vous une couverture nécessaire au sommeil et ses belles étoiles… Sorte de ballon d’oxygène, zébré par d’autres étoiles de larsen… Un disque tout simplement magnifique. Pourquoi simplement ? Parce que j’en ai cherché quelques-uns plus compliqués, mais qu’aucun ne convenait vraiment.

Publié dans Pop-rock

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