CAN "VINYL BOX" - Monster Movie
Grâce à ma femme et au miracle du paiement en plusieurs fois, j'ai pu, en début de mois, me payer l'intégrale de CAN en vinyle. Je sais, certains diront déjà qu'après cinq albums, CAN, c'est plié. Je ne peux pas laisser dire ces choses, même si tout n'est pas totalement infondé. C'est pour, j'éia décidé d'entamer ma semaine "CAN". Débutons donc par le début: "Monster Movie".
Le Krautrock, mouvement musical principalement allemand (avec un nom pareil, on se doutait quand même un peu que ce n'était pas islandais), va être amené durant la première partie des années 70 par de nombreux groupes, eux aussi allemands. Evidement, CAN n'est pas le seul nom à retenir de ce mouvement, mais il va en être l'un des plus brillants. Aujourd'hui, bon nombre de groupes avouent une passion sans bornes pour ce groupe majeur. Moi aussi, j'avoue aimer plus que de raison ce groupe qui va pourtant décliner dès le cinquième album. Mais pas de précipitation, tout d'abord, "Monster Movie". Dès "Father Cannot Yell" les bases sont plantées et ne bougeront presque plus durant les premières années du groupes. Rythmes ultra répétitifs, basses soutenant la batterie jusqu'à en miment les pulsations, divagations des guitares et chants approximatifs, quant il ne s'agira tout simplement pas de bruits incongrus. Le but à moitié avoué est de plonger l'auditeur dans une sorte de transe hermétique à l'environnement extérieur. Les claviers ne servent ici qu'à souligner cette recherche du son unique poussé à son paroxysme. Ceci dit, lors de morceau plus calme, "Mary, Mary, So Contrary" par exemple, CAN prouve qu'ils savent aussi écrire des chansons. Certes, les choses dérapent rapidement pour glisser une fois de plus vers quelque chose de plus transcendantal. En effet, la composition accélère petit à petit, et Malcolm Mooney, le chanteur, répète à l'envie "Mary", jusqu'à redescendre soudainement. Les guitares omniprésentes sur tout le long de l'album n'ont pas vocation à jouer les guitar héros. Elle insuffle une atmosphère supplémentaire d'étouffement où rien ne semble vouloir laisser l'auditeur en paix.
C'est avec "You Doo Right" et sa vingtaine de minutes en Face B, que le groupe enfonce le clou du Krautrock. Répétitif jusqu'à l'overdose, le groupe ne lâche pas prise, et s'enfonce peu à peu dans un cercle infernal où Malcolm Mooney finit par déclamer ce qui ressemble plus à des onomatopées qu'à un texte précis. Album fondateur, il reste, en 2014, particulièrement pertinent, et ce n'est pourtant que le début.