HALF ASLEEP - Subtitles For The Silent Versions

Publié le par Esther

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Comment connaître tous les disques qui seront sortis à la fin de cette année 2011 ? Comment savoir à côté desquels nous seront passés ? Comment savoir si les disques qui nous ont fait vibrer survivront dans dix ans ? Impossible. Mais parfois, les chemins escarpés de la découverte nous mènent quelque part où l’on n’aurait sans doute pas eu l’idée d’aller. Le second opus de Half Asleep est sorti cette année. Il me perturbe depuis quelques semaines déjà, mais il aura fallu que je le reçoive, que je le tienne physiquement entre mes mains, qu’il s’approprie mes oreilles pour que j’en saisisse toute la beauté. Le bois craque comme un coin de cheminée, mais c’est le piano, c’est la guitare, c’est l’acoustique vibrante et ombragée d’une mélodie douce et tremblante qui ensemble dessinent les contours d’une clairière aux relents parfois mortifères. Dire que ce disque est beau ne serait pas lui rendre justice, il est bien plus que cela. Il est complexe, étrange, certes beau, mais aussi particulièrement original. Du magnifique « How Quiet I » qui ouvre l’album d’une voix acoustique à l’atypique « The Fifth Stage Of Sleep » et son refrain atonal et bancal, il est indéniable que ce disque s’enrobe autour de vous avec un suaire de soie. A la fois chaleureux et inquiétant, il vous flatte, vous séduit en vous effrayant, rappelant parfois Nico, parfois Shannon Wright, voire la PJ Harvey période « Dry ». Au fond, une voix furibarde double parfois la mélodie impressionnante de beauté.

 

Et puis, parfois, le disque dérive, s’embarque sur des flots embrumés comme sur « For God's Sake Let Them Go ! » où la mélodie s’efface au profit d’une ambiance clairement indéfinie qui ne suit plus que le texte. On frôle la musique concrète, pour soudain déployer cette fameuse Pj Harvey. Les voix s’entrechoquent, se frôlent ou hurlent la douleur, et qui sait, l’effroi. « De Deux Choses l’Une » redescend sur des marches d’arpèges plus classiques, avec une flûte qui, là encore rappelle un quelque chose de Nico, mais qui ne sombre pas une seule fois dans la facilité mélodique et encore moins dans le pathos qui tenterait de lacrymaliser  les chaumières. A l’image de la pochette, chaque chanson respire le bois, voire le hautbois à l’occasion.

 

« Ceres Pluto Eres » se pose en interlude instrumental. Un piano en Satie, et des silences qui vivent comme jamais pour ouvrir « Mars (Your Nails And Teeth) » et ses cascades de voix. Une fois de plus, le virage qui s’amorce au milieu du morceau embarque l’auditeur vers une rive plus austère, voire inconfortable, mais point de théâtralité, car tout se retient avant de sombrer dans l’excessif. « Personnalité H » et ses chœurs a capella vous conduiraient presque dans un monastère mais les voix angéliques qui se multiplient, se démultiplient vous feraient toucher le pêché originel au moindre battement de cil.

 

« The invitation » sonne comme le coup de grâce. Neuf minutes pour une composition clairement scindée en deux parties. La première nous amène à nouveau vers cette voix profonde qu’était celle de Nico sur fond d’arpèges, d’harmoniques et de flûtes envoutantes. Puis les guitares s’emmêlent, les voix déploient leur gorge et les accords flottent littéralement en apesanteur pour un final en feux d’artifices : Voix, guitares, basse, tout se mélange, à l’excès, jusqu’à la lie, jusqu’au vertige parfait.

 

Le dernier morceau semble vous emmener vers la sortie, en douceur comme pour vous dire que maintenant que tout à été évoqué, il est tant de rentrer chez soi. Le cœur lourd ou léger, c’est au choix, à votre guise, à votre goût… Pour ma part, la touche repeat de mon lecteur CD n’a jamais autant fonctionné que ces derniers temps. Mon disque de l’année ? C’est possible.

 

En écoute ICI

Publié dans Pop-rock

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