JOHN CALE - Concert au Centre POMPIDOU du 02 NOVEMBRE 2011

Publié le par Esther

37 ans que je vis en région parisienne, et je n’avais encore jamais mis les pieds au Centre Pompidou. Il faut avouer que son extérieur façon tuyauterie m’est toujours apparu comme une verrue au milieu du pied d’une déesse. Mais voilà, John Cale venait y faire un saut, et je m’imaginais mal passer à côté de l’évènement, surtout que, contrairement aux autres légendes vivantes, le prix de la place était largement abordable. 16 €, c’est pas cher payé.

Me voici donc rendu dans ce haut lieu de la culture moderne qui, vu de l’intérieur donne une impression peu commune de bâtiment encore en travaux. Autre première, et pas des moindres pour un agoraphobe et misanthrope de mon acabit, je me rends seul au concert. Après deux plombes d’embouteillages mais de mise en jambes via un live de John Cale, j’arrive donc dans le parking du Centre. Je la fais courte, et me voici tenant le crachoir avec un papy de… 82 balais, venu avec sa rombière rosbeef. « Vachte ! » me dis-je, si je suis encore aussi vert que lui à 82 balais, je signe tout de suite. Le mec me tient une conversation qui fleure bon le surréaliste, et me parle peinture, littérature érotique et autres gauloiseries que sa femme ne goûte guère, m’avoue-t-il plus tard.

 

387 places, pas une de plus. On ouvre la salle. Chouette salle. Elle ressemble à une sale de cinema, fauteuils cossus, ambiance feutrée… Seule ombre au tableau : je me sens un peu étranger à toute cette faune hype – bobo – 16ème. Dans la salle, certains sont clairement là pour être vus et non pas pour venir applaudir John Cale. On y croise quelques noms connus des Inrocks dont je vous ferai grâce tellement ils me semblent insignifiants. Venir une demi-heure après le début d'un concert de John Cale... D’ailleurs, certains ne parlent que du Velvet, ce qui, au final, ne représente concrétement que trois ou quatre ans de sa très longue carrière, qui avait par ailleurs débutée avant sa rencontre avec Lou Reed. Bref, passons. Je suis au deuxième rang, face au clavier… Le rêve.

 

Après un long drone explosif d’une trentaine de minutes, le temps que tout le monde s’installe, John Cale déboule ! Et vlan ! « Heartbreak Hotel » disloqué, dément et explosif. Le ton est donné. John Cale a de la bouteille mais n’est pas gâteux pour autant. Ca envoie. Beaucoup même. Mais l’acoustique de la sale rend un son qui ne sature jamais et qui ne privilégie aucun instrument pour un autre. Balance parfaite. Ca péte mais ça ne détruit pas les tympans. Alors que je m’attendais à un dandy vêtu de noir, je vois débouler un mec à la démarche Chapelinesque, arborant une paire de bretelles gigantesques pour un froc trop large et des pompes en mode Charlot, mais brillante comme un cosmonaute. Suréaliste. La version de « Heartbreak Hôtel » est littéralement furieuse, déglinguée, incompréhensible… Que m’arrive-t-il, suis-je en train de penser.

 

Le groupe joue en comité restreint, trois mecs autour de Cale, très pros… Trop pros ? Sans doute. Tout est calé, vérouillé, ça joue bien, précis, c’est énorme, mais la spontanéité semble peu présente. Mais bon, je ne boude pas pour autant mon plaisir, c’est un pur bonheur. Ceux qui sont venus voir l’ex Velvet en seront pour leurs frais, pas un titre du groupe. Ceux qui sont venus voir la période 1919 aussi, point de quatuor… Ceux qui sont venus voir Cale, eux seront ravis. Il reprend son EP dans son intégralité (qui rend bien mieux sur scène), et, même si ce n’est pas le point fort du concert, prouve qu’il est encore capable de pondre des morceaux fulgurants (à l’exception du pénible et inutile « Pile à l’heure »). Il entame « Perfection », ça dégage…. Pas un temps mort, pas un morceau calme ou presque… Ca assure terrible quand tout à coup… Vlan ! Plus de son. Cale vient de faire sauter les plombs ! Effet garanti sur le public. Il faudra dix minutes aux techniciens pour réparer la panne, et Cale repart comme en 40, plus furieux que jamais. Je l’avoue, le groupe est parfait, des musiciens exemplaires, du coup, pas de grain de folie, mais je prends un panard faramineux. Il termine sur un « Gun > Pablo Picasso « de plus de dix minutes, et le public demande grâce, certains prenant littéralement la fuite.

 

Le rappel est expédié avec un seul titre, toujours aussi furieux et Cale se casse, à pieds de chaussette, après une heure et demi de furie totale. Moi, je suis KO technique. Pas objectif ? Possible. Je ne me suis pas pose la question tellement j’ai adoré. Enorme!

 

Tout comme le prix du parking: 15 €!!!!!

 

Presque aussi cher que la place du concert. POMPIDOU, ENCULE !

Publié dans Concert

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