JOY DIVISION - Heart & Soul
Ah, ma longue épopée avec Joy Division… Tout a commencé il y a plus de 20 ans. Je découvre alors ce groupe mythique, par une porte dérobée, via d’autres groupes, des potes, des compilations (oui, à l’époque, on faisait des compiles entre potes, sur K7, putain, je me fais vieux…). Bon, le son ne m’enchante pas plus que ça, et la voix du chanteur a une forte tendance à m’exaspérer…
Bref, je n’accroche pas. Quelques années plus tard, je retente ma chance. Même constat d’échec. Et puis, comme je suis du genre à avoir de la suite dans les idées, je profite de soldes et autres brocantes pour me procurer les deux albums légendaires du groupe. Mais non, rien n’y fait. Je survole, et je ne parviens pas à m’y attarder.
Alors, lorsqu’hier, une mienne connaissance me propose de me racheter quelques doublons dans mes CD, j’hésite. Je lui propose un échange. Sauf que lui, il n’a pas grand-chose à échanger. Mais trône au milieu de son salon « Heart & Soul » coffret intégral de Joy Division sorti il y a quelques années maintenant. J’ai beau chercher, je ne trouve rien qui m’emballe, et donc, je m’apprête à vendre pour une poignée de cerises 5 albums qui ne me sont plus d’aucune utilité. J’empoigne le coffret, par curiosité, quasi neuf… Et là, il me dit : « Ca t’intéresse ? Il est neuf. On m’a offert ça, j’ai jamais pu supporter. Si tu veux je te le file en échange… » J’ai failli lui répondre que moi non plus, je n’ai jamais pu supporter Joy Division, mais, finalement, je me ravise. Après tout, quitte à avoir des disques que je n’écoute pas, autant que ce soit quelque chose que je ne possède pas.
Me voici donc de retour, avec mon coffret, en parfait état, et qui ne m’a pas couté un talbin. Je me précipite sur mon PC, rippe l’objet, pour l’inoculer dans mon mp3, et l’écouter dès ce matin dans le bus. Et, je dois avouer qu'inoculer n’est pas un mot inapproprié tant le venin qui se dégage des chansons finit par s’immiscer. Pour la première fois, la voix me paraît cohérente avec l’ensemble, la tension se dévoile, et la puissance de feu embrase littéralement mes oreilles.
Me voici donc prenant un panard énorme à l’écoute de chansons pour lesquelles je suis longtemps resté de marbre. Il faut dire que cette voix d’outre-tombe, cette basse monolithique, et cette batterie froide comme une morgue donnent un relief surprenant aux guitares finalement tranchantes comme autant de lames. Bref, me voici embarqué, et je semble enfin comprendre cette musique qui m’est restée si longtemps étrangère. Pourtant, des musiques froides, de Kraftwerk à Cure période « Pornography », j’en ai écouté des dizaines, mais sans expliquer pourquoi, celle-ci ne parvenait pas à ouvrir la porte. Ce matin, elle a enfin trouvé la clé. Ce n’est pas trop tôt, diront certains !