La Carte Musique Jeunes
La bonne idée cadeau, en cette fin d’année qui se profile, outre l’énorme tube de vaseline, forcément nécessaire pour faire passer tout ce que l’on vient de nous mettre dans le fondement, c’est évidemment « La carte musique jeunes » ! Ouhhh quelle est belle cette idée ! Ouuuhhh que c’est vilain le téléchargement illégal ! Ouuuuhhh qu’en voilà une bonne loi, cette fameuse Hadopi !
Bon, reprenons. Le téléchargement illégal, c’est moche-vilain-pas-beau-pire-que-si-tu-piques-le-sac-d’une-vieille, puisque la peine encourue si tu récalcitres est supérieure à celle d’un vol à l’arraché… Du coup, hop ! On ponnd une loi arbitraire, qui ne sait pas faire le distinguo entre le petit pirate qui s’informe en écoutant une œuvre avant de cracher au bassinet (moi, par exemple) et le mec qui télécharge 40 films par jour sans jamais rien acheter. Enfin bref, on ne va pas refaire le monde, de toutes façons, là, j’ai pas le temps, j’ai piscine.
Pour soutenir cette fameuse idée (qui a dit fumeuse ?), on annonce en grandes pompes l’arrivée de la « carte musiques jeunes ! ». Youpi ! Mouais. Sauf que si on y regarde d’un peu plus près….
D’abord, il faut avoir entre 12 et 25 ans ! Ok, donc, après 25 ans, t’es un vieux con qui ne sert à rien et qui n’écoute pas de musique… Ah mais non, après 25 ans, les ¾ de ceux qui écoutent de la musique… l’achètent. Mais voui, chuis con ! Alors, pourquoi se casser le bonnet pour des gens qui casquent déjà, hum ?
Ensuite, faut pas rêver, c’est plafonné. 50 €. Par personne. Et par an. Ah ouais… Houlàlà, mais qu’est-ce que je vais faire avec tout cet argent… En plus, les trois premiers mois, une offre (limitée) te permet d’avoir… 10 € supplémentaires. C’est la teuf ! J’empoigne aussi sec ma machine à calculer… Et grosso modo, on tombe à 5 ou 6 albums par an ! Ah ouais. Quand même. Bon, moi, j’en achète environ 300… (certes, la moitié, voire plus, sont d’occasion, m’enfin, quand même….). Mais 5 ou 6 disques par an, comme de toutes façons, t’es censé passer tes journées à bosser et le soir, t’es rincé, donc tu vas te pager, qu’est-ce que t’en as à foutre de n’avoir que 5 disques à acheter dans l’année ? Hum ?
Par ailleurs, la carte djeunes est limitée à un million de cartes par an, durant deux ans. En clair, et vu le nombre de pirates qui sévissent sur le net, rien qu’en France, faut virilement se sortir les doigts pour avoir sa chance car la fabuleuse carte qui va sauver l’industrie du disque va devenir plus rare qu’un jerricane d’essence (non, j’ai pas dis je ricane…). Le gouvernement veut bien aider… mais jusqu’en 2012. Après, on verra. Tiens, 2012… Y’a pas une échéance quelconque à cette date ?
Mais il y a encore plus fort ! Ouais ouais. D’abord, le décret prévoit de favoriser les artistes français. Quand on voit la quantité de baltringues qu’on se trimballe, ça frise la vente forcée.
Enfin, et là, c’est tellement beau que ça en devient irréel, « L’offre est composée d’œuvres musicales émanant des catalogues de plus de cinq auteurs, artistes-interprètes ou leurs ayants droit, et de plus de trois producteurs de phonogrammes » ! Elle est pas belle la vie ? En clair, les indépendants peuvent se la tailler en pointe, on n’en a rien à carrer de leur sort ! Donner du blé à un artiste qui débute et qui rame pour se faire connaître, rien à foutre, mais remplir les caisses de Johnny, Sardou ou Obispo, pas de problème.
Bien sûr, toute cette belle entreprise est LARGEMENT relayée par UNIVERSAL (tiens, c’est bizarre ça…) qui en a commencé la promotion dès le premier jour de lancement.
Mais finalement, qui va payer pour tout ça ? Hum ? Et bien, en grande partie… le contribuable. Oui, celui qui paye des impôts, notamment, et qui, le plus souvent, a plus de 25 ans… et qui donc n’a pas le droit à cette carte ! Allez expliquer à un petit vieux qu’il casque pour un môme qui télécharge le dernier Lady Gaga pour sa sonnerie de bigophone et qu’il foutra à la poubelle dans deux mois quand une autre pétasse au talent inversement proportionnel à la taille de ses nichons pointera le bout de ses tétons.
Vous entendez ce petit bruit étrange ? C’est rien, c’est Pascal Nègre se frottant les mains qui compte ses dividendes sans oublier, je suppose, au passage, de remercier le gouvernement pour cette initiative ô combien utile pour les artistes qui débutent et pour le bien, plus général, de la culture… Française, bien sûr.