MC CARTNEY remet son Paulo à neuf!

Publié le par Esther

La mode est à la réédition en grande pompe. Pour combler un manque d’inspiration ou de ventes, les artistes, et plus souvent encore, les maisons de disques ont trouvé le filon : la réédition. Que ce soit chez les plus grands (et parfois morts), Cure, Hendrix, Mc cartney, Lennon, Pink Floyd, Dylan, ou chez les plus obscurs, Pavement, My Bloody Valentine, Tindersticks… Le meilleur y côtoie le plus anecdotique. En effet, il était pertinent de rééditer les Tindersticks, quasiment introuvables, au même titre que les Pavement, remplis à ras bord d’inédits fantastiques, alors que rééditer les albums d’Hendrix, déjà remasterisés, ou le My Bloody valentine sans bonus paraissait on ne peut plus superfétatoire… Bref, avant l’arrivée en septembre d’une énième intégrale Pink Floyd, cette fois avec resmasterisation à la clé et pour certains des albums des inédits plus ou moins pertinents (ça sent le piège à cons, mais n’étant pas bien malin, je sens que je vais tomber dedans…) ou le 20ème anniversaire du Nevermind de Nirvana dans 33 versions différentes (vinyles, simple CD, double CD, triple CD, quadruple CD / DVD / Blue-Ray / Rouleau de Cire / Signaux de fumée / Braille / Morse), c’est notre bon vieux Macca qui s’y colle. Après son « Band On The Run », c’est le reste de sa disco qui se prend un coup de jeune.

 

Bon, la disco de Macca, c’est de la dent de scie. On alterne merveille et bouse authentique. Albums léchés ou emballés à la va-vite. A peine sorti des Beatles, le premier opus du Paulo sort (de mémoire) une semaine avant Let It Be, ce qui ne manquera pas de rendre furax ses ex-comparses. Ouvragée à la maison, tout seul comme un grand, ce n’est pas l’œuvre majeure du gars Paulo. Pourtant, il y a dans ce disque de bonnes choses, « Junk », petite merveille datant de l’avant séparation de qui vous savez, et quelques autres légèretés. Car oui, le ton de ce disque est résolument léger. Il voulut se défaire, à l’époque, du travail de groupe, d’abord, et surtout d’une production trop complexe après un Abbey Road aux arrangements touffus et limite symphoniques.

 

Pourtant, à l’époque, Paul manque de peu de sombrer dans l’alcoolisme. En effet, il a toutes les peines du monde à se remettre de la séparation de son groupe. Preuve en est, après quelques semaines qu’il passera encore en solo, il formera les Wings, avec lesquels il va connaître des bonheurs musicaux très différents. Bref. Cet album, champêtre et primesautier contient donc de belles mélodies, mais également son lot de chansons totalement anecdotiques, mais pas foncièrement mauvaises. D’ailleurs, rarement cité, cet opus est pourtant à mes yeux l’un de ses meilleurs (j’adore, par exemple l’instrumental « Momma Miss America »). Evidemment, le côté fleur bleu (« The lovely Linda » est un modèle du genre) peut agacer et pourtant, je le ressens comme un truc nettement moins prétentieux qu’un Lennon qui souhaite refaire le monde à chaque coin de couplet. Bon, le sujet n’est pas là. Enfin, j’aime bien le final « Kreen-Akrore », sans queue ni tête, qui contient plus de batterie à lui-seul que l’ensemble de l’album ou presque, mais qui a un côté progressif avant l’heure qui n’est pas fait pour me déplaire. Au rayon des inédits, le constat est plus mitigé concernant ce volume, car si la remasterisation offre un dépoussiérage assez admirable du son, les Outtake s’avèrent anecdotiques (« Suicide » est médiocre) et les Live sont malheureusement piochés dans les titres les moins intéressants du disque.

 

Dix ans plus tard, après l’aventure Wings, Paulo nous la refait solo en jouant de tous les instruments, à la maison, avec un album festif et vaguement expérimental. Je dis bien vaguement car « Coming Up » passe quelques années après le funk et le disco, « Temporary Secratary » près de dix ans après le Krautrock, tout comme les inutiles « Front Parlour » et « Frozen Jap » », visiblement composées avec un doigt (Ca passerait peut-être chez JM Jarre, mais on sait Paulo capable de tellement mieux). Les sons électro sonnent aujourd’hui horriblement datés et niveau mélodie, nous sommes à des années lumière du génie pop. Certes, là encore, la remasterisation opère, mais ce qui est médiocre n’en reste pas moins médiocre. Le choix d’une production too much tue parfois toutes formes de bonne idée dans l’œuf (l’écho sur la voix de « On the way », au hasard), quant à certains titres (« Nobody knows » et sa voix suraigüe qui enquille un texte absolument indigent), disons le carrément, ils donnent envie d’arrêter net l’écoute de ce disque qui recèle pourtant son lot de bons moments. « Waterfalls », sans être phénoménale, s’avère pas vilaine du tout, malgré des synthés un peu cheap, et l’acoustique « One of these days » qui vient clore ce disque à l’arrivée souvent pénible à écouter, mais finalement assez touchant dans sa démarche résolument simpliste est dans son genre assez jolie.

 

Dans quelle mesure était-il nécessaire de le commercialiser, c’est une autre paire de manches. Niveau bonus, Paulo n’est pas avare, quantitativement parlant puisque le second disque est plus long que l’album, mais il est plus long dans tous les sens du terme… L’insupportable (« Check My Machine ») côtoie fréquemment le ridicule (« Bogey Woble », sorte de Kraftwerk joué par Bontempi dans une baignoire) ou l’interminable ( les dix minutes du (très) répétitif « Secret Friend » ou « All your Horses » et ses dix minutes également). J’aime bien Paulo, mais pour le coup, il n’est pas obligé de nous ressortir ses bandes de travail pour prétexter un disque bonus sans le moindre intérêt. Allez, accordons-lui le rigolo « Wonderful Christmastime », jovial en diable, mais rien de plus. Bref, ce disque s’adresse tout de même aux fondus les plus acharnés. Pour le reste, j’attends avec impatience la réédition de « RAM », ainsi que le Live fantastique des Wings, à venir sous peu. Les autres rééditions prévues n’étant pas forcément des œuvres charnières du gars paulo.

Publié dans Pop-rock

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P
<br /> je me laisserai peut être séduire par cette réédition du Paulo n°1 pour lequel j'ai une grande affection depuis sa sortie... un disque très instantané et très home studio avec de belles pépites !<br /> <br /> <br />
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