JOAN OF ARC - Life Like

Publié le par Esther

Je me fais vieux. Enfin, je pense. En effet, la musique de « djeuns », même rock m’en touche de plus en plus une sans réveiller l’autre. J’écoute quelques nouveautés, ici ou là, mais rien ne me parle… Blasé ? Possible. N’empêche qu’il y a trois mois de cela, lorsque j’ai appris la sorti du nouveau LP de JOAN OF ARC, j’étais pour le coup, excité comme une menthe devant sa première religieuse.

 

Bref, précommandé de longue date, le LP de JOAN OF ARC était donc attendu tel le messie. Et la joie de l’écoute de ce nouvel opus fût à la mesure de l’impatience qui m’a rongée durant ces 12 longues semaines. D’entrée, Life Like s’avère être le meilleur album depuis THE GAP. Pourtant, Flowers était de très bonne facture, Boo Human aussi, mais là… On retrouve une énergie qui semblait s’être un peu épuisée au fil des années.

 

 

Reprenons, Tim Kinsella, quelques membres de sa famille (dont le futur et fabuleux OWEN) formèrent, sur les cendres d’un collectif bruitiste post-punk, un groupe à géométrie variable, qui joue du Punk-folk-électro-avant-gardiste-rock. En clair, les barrières, ils ne connaissent pas. Ils expérimentent aussi bien dans l’électronique que dans le rock. Au fil des ans, les compositions se déconstruisent, jusqu’à devenir absconses tout en gardant une certaine forme de cohérence. Tout ceci fait de JOAN OF ARC l’un des groupes les plus originaux que je connaisse. Evidemment, on ne rentre pas chez eux, comme on rentre chez Green Day. Musique exigeante, qui demande du temps pour être apprivoisée. Je n’ai pas dit « comprise », car depuis plus de dix ans maintenant que je les suis pas à pas, je ne parviens toujours pas à comprendre leur musique, surtout les derniers albums, qui s’éloignaient à chaque fois un peu plus des schémas rock, des chansons… Couplet, refrain, break, tout ça n’a pas lieu d’être. Un peu comme si chaque morceau ne possédait aucun fil conducteur ou presque.

 

Le collectif s’est peu à peu resserré, les uns et les autres ayant d’autres activités. Tim Kinsella se retrouve donc plus que jamais tête pensante d’un groupe qui ne compte plus que 4 membres, dont certains ne font pas partis de la formation initiale, ce qui ne l’empêche pas de remercier au passage ses anciens collègues. Qui dit effectif réduit, dit musique resserrée, et en effet, on pourrait presque parler d’un retour aux sources, à la différence près, c’est qu’il n’y a plus d’expérimentations électroniques, ou de désert folk… Tout tourne ici autour de la guitare électrique. Et pour cause, Steve Albini a produit l’album, c’est dire si l’on frôle avec la gloire. Car JOAN OF ARC, c’est aussi un groupe qui vend peu (faut dire, ils ne font rien pour attirer les foules non plus…). Les dix minutes qui consituent « I Saw the Messed Binds of My Generation » en introduction mettent d’emblée les choses au point. On est furieux, et on tient à le faire savoir. Après une longue introduction rock / bruitiste / rock, Kinsella déboule, avec sa voix toujours aussi vacillante, toujours aussi écorchée, toujours aussi fausse. Et derrière la complexité, on vibre. On ne siffle pas sous la douche, évidemment, mais on se laisse embarquer dans ce faux déluge sonore qui n’oublie pas ses moments de silence et de finesse.

 

La suite se fond alors dans la masse, les morceaux, plus concis, ne sont pas moins complexes, il est difficile de les suivre, et plusieurs écoutes s’avèrent nécessaires pour en saisir toute la portée. Pourtant, malgré une guitare saturée en quasi permanence, les moments de grâce ne manquent pas. « Life force » pose la guitare électrique, et balance un folk d’une minute et des brouettes, avec cette beauté toute particulière qui fait que, définitivement, on ne peut pas avoir un avis mitigé sur une telle musique. Soit l’on adore, soit l’on déteste.

 

La seconde face s’assombrit, avec le très tendu et entêtant « Night Life Style ». Une boucle de guitare, une rafale de feedback que ne renieraient pas les SONIC YOUTH, et toujours cette mélodie insaisissable qui place le groupe un peu plus près de l’Art brut et qui l’éloigne inexorablement du rock. « Howdy Pardoner » qui suit, et sa rythmique tout en contre temps n’aide pas à rentrer dans les clous, au contraire. Dans l’ensemble, cette seconde face s’avère moins accessible que la première, déjà pas simple à aborder. « Still Life » joue la carte du minimaliste, avec une guitare étouffée, des silences étouffants, et des déluges soudains. « Deep State » laisse penser que l’on vire funky, mais les choses se gâtent rapidement, et Kinsella, qui semble de plus en plus furieux à mesure que le disque évolue, monte la pression peu à peu, donne de la voix comme sur les premiers albums (rappelons nous de l’énorme « God Bless America ») pour terminer sur une répétition assourdissante qui fait à nouveau appel aux sons les plus furieux, frisant le bruit blanc tout en se mélangeant au free rock.

 

Seul le dernier titre, à mes yeux un peu faiblard, avec son côté « texte scandé » fait baisser le régime. Il eut été plus judicieux, à mon sens de ne pas mettre de chœur répétant les phrases de Kinsella, en laissant cette guitare qui s’évapore n’importe où, ce qui aurait donné à l’ensemble une sécheresse finissant ainsi d’abasourdir l’auditeur.

 

Qu’importe, depuis deux jours, ce disque tourne en boucle chez moi. Il a par ailleurs l’avantage d’être esthétiquement très réussi. Le LP 180 gr est taillé dans un bleu marbré splendide, et la pureté du son est impeccable. Le tout étant fourni avec le code pour télécharger, bien sûr, ainsi qu’un autre code pour charger une compile du label, un badge, un poster, un sticker… et une sucrerie typiquement américaine, et absolument abominable (ils bouffent vraiment de la merde, les ricains !). Tout cela fait un peu gadget, c’est vrai, mais malgré tout, c’est plutôt rigolo, et ça change des colis froids et distants que l’on peut recevoir de chez la Fnac ou autres.

 

Bref, moi, il m’en faut peut pour être heureux !

 

Une dernière chose, je vous conseille de vous rendre sur le site du label, sur lequel vous pourrez écouter l’album dans son intégralité, pendant un temps, je crois, limité.

Publié dans vinyle

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O
<br /> Quand je pense que je t'ai demandé un lien, et que je l'ai malencontreusement effacé quand tu me l'as filé !<br /> <br /> <br />
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