Lectures estivales

Je ne lis plus depuis des lustres la presse écrite musicale. D’abord pour des raisons bassement économiques, et puis plus simplement parce que je n’y trouve plus mon compte. Les Inrocks se sont politisés de façon ridicule, Rock’n Folk et Rolling Stones sont devenus des mouroirs pour journaleux en attente du trépas à nous ressasser encore et toujours que les Stones, c’est ce qui se fait de mieux au monde mais que les BB Brunes sont de sympathiques remplaçants (je n’invente rien). Les basses Manœuvres de ce canard ont fini par me fâcher définitivement avec ce genre de lecture. Pourtant, chaque été, histoire de flâner une heure ou deux à coups de lecture décompressive, je me surprends à acheter un numéro ou deux de ces fameux canards… comme d’autres s’achètent leur « Voilà » annuel. Au final, on se retrouve avec un reportage sur les Doors, sur les 70 meilleures chansons de Dylan, Motorhead et je ne sais plus quel autre personnage né avec l’invention de l’impression. Bref, ça défriche velu.

Alors, je me penche sur les chroniques des nouveautés. Et là, ça vaut vraiment le coup d’œil. On me reproche souvent mes jugements à l’emporte pièce, mon manque d’argumentation, mon inculture crasse concernant de quoi est-ce que je cause, mais lorsque je lis les chroniques de Rock’n Folk et autres RockSounds, je me dis que, finalement, à l’instar de mon pote La Myre, en toute modestie, j’ai rien à envier à ces torchons qui, visiblement, ne connaissent pas plus leurs sujets que je connais la différence entre un pigeon.

Emballer la chronique du dernier Thurston Moore, proprement inaudible, en trois paragraphes vides d’arguments, tournant en boucle sur le fait que Moore se mette en danger (perso, je trouvais qu’il mettait plutôt son auditeur en danger) sous prétexte qu’il fait un album acoustique produit par Beck… Bon, évidemment, le fait qu’il n’y ait pas l’ombre d’une chanson n’est pas mentionné, le fait qu’il fasse dans la redite plutôt que dans de la prétendue expérimentation non plus. Quant à l’interview, disons le carrément : elle est à chier.

« Alors, ce nouveau disque ?

-         Ben j’en suis content.

-         Produit par Beck ?

-         Ouais, on s’est rencontré dans une fête, il y a longtemps et là, on a eu envie de faire un disque ensemble.

-         Radicalement différent du travail de Sonic Youth ?

-         Ouais, fallait que je sorte du côté tournée, album, tournée album…

-         Et sinon, des projets ?

-         On prépare un album expérimental avec Sonic Youth.

-         Et à propos de ce disque, il est quand même mauvais, non ?

-         Non, je ne dirais pas ça. Je dirais qu’il est inutile

-         Donc mauvais.

-         Moui, c’est pas faux quand même.

-         Vous en aviez conscience ?

-         Voui, mais faut bien que j’entretienne mon côté indie… »

Ok, une partie de cette entrevue est inventée.

Ah oui, car en guise d’édito, Rocksounds vous balance sans rire que dorénavant, ce sera un magasine résolument tourné vers l’Indie. En couv’, Moore, donc. Dans les sujets, Les Kooks, The Horrors, un compte-rendu Live de Sufjan Stevens,  et je vous en passe… Bref, la crème de l’anecdotique.

Les chroniques disques donc se font sur trois paragraphes, l’un retraçant le passé du groupe, le second évoquant vaguement le disque, le troisième multipliant les comparaisons avec d’autres groupes, finissant par donner une note au disque (les ¾ obtiennent 3 sur 5 !). Bref, nous  voilà bien avancés.

Alors, je ne sais pas ce que valent mes chroniques ni celles de mes @mis, mais je le redis en toute modestie, je crois sincèrement que nous n’avons pas à rougir par rapport à tout ce que j’ai pu lire cet été !

Pour finir sur une note de jovialité, en parcourant le Rock And Folk de Juillet donc (toujours un train de retard), on y apprenait qu’Amy Winehouse était de retour en studio et qu’elle allait enfin sans doute refaire parler d’elle sous peu. Au moins quelque chose de vrai au milieu de cette mélasse insipide. Z’ont le nez creux chez la bande à Manœuvre !